Le parc naturel du Luberon contre la pollution lumineuse

Atuvu · Site Admin Inscrit le: 25 Mar 2005 Messages: 683

Le parc naturel du Luberon veut lutter contre la pollution lumineuse

On a pris conscience du phénomène il y a deux ans. Il a alors fallu informer les citoyens puis convaincre les élus." Matthieu Campf, responsable énergie du parc naturel du Luberon, est parvenu à ses fins, en faisant inscrire un chapitre "amélioration de la qualité du ciel nocturne" dans l'avant-projet de charte que le parc renouvelle pour la période 2007-2017. Une première en France. La présence de l'observatoire de Haute-Provence dans le parc n'y est pas tout à fait étrangère. Les astronomes se plaignaient depuis plusieurs années de la détérioration de la voûte céleste, teintée d'un halo rouge-orangé de plus en plus visible. A part quelques passionnés du ciel, le sujet n'avait que peu d'écho parmi les citoyens.

En collaboration avec l'Association de protection du ciel nocturne, Matthieu Campf a démontré aux 72 communes du parc, grâce à des plaquettes d'information et à des réunions publiques, qu'en plus d'améliorer la noirceur du ciel, des économies substantielles étaient possibles par l'usage d'un matériel de meilleure qualité et mieux adapté.

DEUX COMMUNES PILOTES

Une façon aussi de lutter contre les rejets de gaz à effet de serre, alors que l'éclairage public, qui consomme environ 1 % de l'énergie électrique produite en France, rejette environ 600 000 tonnes de CO2 chaque année dans l'atmosphère. Il s'agit de remplacer notamment les boules lumineuses qui ont fait florès à partir des années 1960 — et qui éclairent davantage le ciel que la chaussée — par des lampadaires nouvelle génération diffusant du haut vers le bas.

Deux communes pilotes, Saint-Martin-les-Eaux (Alpes-de-Haute-Provence) et Oppède (Vaucluse), ont d'ores et déjà adopté des lampadaires à diode électroluminescente. Résultat : une consommation électrique divisée par cinq et une durée de vie de 25 ans environ, contre 3 ou 4 ans pour les ampoules actuelles. Le flux lumineux au sol, réduit à 5 lux contre 35 habituellement, offre une lumière tamisée beaucoup moins agressive. L'investissement, assez lourd au départ, est amorti au bout de dix ans. Seule ombre au tableau : la présence de métaux lourds, difficiles à recycler en fin de vie.

La municipalité de Cavaillon (Vaucluse) a, quant à elle, opté pour des lampadaires à variateur d'intensité. Neuf autres communes, voisines de l'observatoire, ont fait appel à un syndicat afin de réduire le coût de 1 600 points lumineux très gourmands. Et l'extinction des feux à partir d'une certaine heure ? "Là, il faudra du temps, admet Matthieu Campf. Dans le Sud, il y a une culture de la lumière très ancrée dans les esprits."

Une telle initiative, conforme à la tradition d'expérimentation des parcs naturels, fait déjà tache d'huile. Sur les 44 parcs français, une dizaine serait déjà sur les rangs. Reste à savoir si la contagion gagnera les zones urbaines.

En janvier, l'Agence française de l'éclairage a publié un document faisant intervenir tous les acteurs de la filière — des éclairagistes aux astronomes en passant par les écologues —, qui montrait les conséquences d'un trop-plein de lumière sur l'environnement : couloirs lumineux infranchissables pour certains animaux, vulnérabilité accrue de plusieurs espèces aux prédateurs, temps de reproduction perturbé, modification de la croissance des plantes. En 2005, Nathalie Kosciusko-Morizet, députée de l'Essonne (UMP), avait présenté une proposition de loi relative à la lutte contre la pollution lumineuse nocturne. Elle n'a toujours pas été mise à l'ordre du jour.

Mathieu Delagarde
Article paru dans l'édition du 09.02.06
Source: www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3228,36-739074,0.html

Folie · Inscrit le: 22 Nov 2013 Messages: 522

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